Introduction
Le Sénégal, pays de l’Afrique de l’Ouest, occupe une position géostratégique remarquable à l’extrémité occidentale du continent. Sa géographie est caractérisée par un paysage majoritairement plat, une façade maritime étendue sur l’océan Atlantique et un réseau hydrographique significatif. Cette configuration géographique unique a profondément façonné son climat, ses écosystèmes, ses ressources naturelles, ainsi que les dynamiques de peuplement humain et les activités économiques. Ce rapport vise à dresser un portrait géographique détaillé et expert du Sénégal, en analysant systématiquement ses caractéristiques physiques, leurs interactions complexes avec la biodiversité et les ressources, les défis environnementaux qui en découlent, et l’influence déterminante de ces facteurs géographiques sur le développement humain et économique de la nation.
I. Localisation et Cadre Général
Le Sénégal se situe entre les latitudes 12° et 16° Nord et les longitudes 11° et 17° Ouest, le positionnant à la pointe la plus occidentale du continent africain. Son territoire s’étend sur environ 600 km d’est en ouest et 400 km du sud au nord, couvrant une superficie totale de 196 722 km².
Les frontières terrestres du Sénégal sont diverses et définissent des interactions régionales importantes. Au nord, le fleuve Sénégal marque la frontière avec la Mauritanie. À l’est, le pays partage une frontière avec le Mali. Au sud, il est bordé par la Guinée et la Guinée-Bissau. La frontière avec la Guinée est caractérisée par les contreforts du massif montagneux du Fouta-Djalon, tandis que celle avec la Guinée-Bissau est traversée par une forêt tropicale. Une particularité géographique notable est l’enclave formée par la Gambie, qui s’étend le long du fleuve Gambie sur une largeur de 20 à 50 km de part et d’autre de ses rives, séparant ainsi la région de la Casamance du reste du pays. Cette frontière terrestre avec la Gambie s’étend sur environ 740 km, ce qui en fait la deuxième plus longue frontière internationale du Sénégal, après celle avec la Mauritanie.
Le Sénégal dispose d’une façade maritime importante à l’ouest, bordée par l’océan Atlantique, dont la longueur est estimée entre 500 km , 530 km et même 700 km , selon les méthodes de mesure utilisées (distance linéaire ou sinuosité détaillée de la côte). Au-delà de ses côtes immédiates, la Zone Économique Exclusive (ZEE) du Sénégal s’étend sur une superficie considérable de 212 000 km², s’appuyant sur un littoral de 720 km. Le pays partage également des frontières maritimes avec le Cap-Vert, la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau. Le plateau continental sénégalais est relativement étroit, avec une largeur moyenne de 40 km, atteignant son minimum (1 km) près du canyon de Kayar et son maximum (80 km) au large de la Casamance. Cette plateforme sous-marine est marquée par des canyons (Cayar, Ouolof, Peul) et des monts sous-marins (Cayar, Petit Cayar, Medina).
La presqu’île du Cap-Vert, où se situe la capitale Dakar, constitue le point le plus occidental du Sénégal et de l’ensemble de l’Afrique continentale. Cette position géographique singulière a joué un rôle déterminant dans l’histoire du pays. Elle a favorisé l’établissement des premiers colons et a été un carrefour essentiel pour le commerce avec le Nouveau Monde. Cette porte naturelle sur l’Atlantique a ainsi contribué à faire de Dakar un pôle économique et administratif central, un rôle qu’elle conserve encore aujourd’hui.
Dakar est la capitale et la plus grande ville du Sénégal, bâtie sur ce site magnifique de la presqu’île du Cap-Vert. Historiquement, elle a remplacé Saint-Louis comme capitale de l’Afrique-Occidentale française en 1902, avant de devenir la capitale de la République indépendante du Sénégal en 1960. En 2023, l’agglomération dakaroise comptait environ 4,0 millions d’habitants, soulignant sa prééminence démographique et économique.
La configuration géographique de la Gambie, formant une quasi-enclave à l’intérieur du territoire sénégalais, a des implications significatives pour la cohésion nationale et le développement des infrastructures. Cette séparation physique de la région de la Casamance du reste du pays crée des défis logistiques pour les transports et la communication interne. Cette fragmentation spatiale peut également rendre plus complexes les efforts d’intégration économique et de développement équitable à l’échelle nationale. La mention du « Conflit en Casamance » dans le contexte de cette frontière suggère que cette particularité géographique a pu, par le passé, avoir une dimension dans les dynamiques régionales, rendant la gestion de cette division physique un enjeu central pour l’unité nationale.
Le tableau suivant résume les caractéristiques géographiques fondamentales du Sénégal :
Caractéristique Géographique | Valeur | Source(s) |
Superficie totale | 196 722 km² | |
Longueur des frontières terrestres | ~1 500 km (total), dont ~740 km avec la Gambie | |
Pays frontaliers terrestres | Mauritanie, Mali, Guinée, Guinée-Bissau, Gambie | |
Longueur de la façade maritime | 500-700 km | |
Superficie de la Zone Économique Exclusive (ZEE) | 212 000 km² | |
Capitale | Dakar | |
Point le plus occidental | Presqu’île du Cap-Vert (Dakar) |
II. Relief et Topographie
Le Sénégal est caractérisé par un relief majoritairement plat et de faible altitude. L’altitude dépasse rarement les 100 mètres ou 130 mètres sur la majeure partie du territoire. Les seules exceptions notables à cette planéité se trouvent dans la région sud-est, près de la frontière avec la Guinée.
Concernant les points culminants, les données disponibles présentent des variations. Certaines sources identifient le Mont Assirik, situé dans le sud-est du pays, comme le point le plus élevé avec une altitude de 381 mètres. D’autres références indiquent des altitudes légèrement différentes pour le Mont Assirik, telles que 326 mètres ou 311 mètres. Cependant, une source cartographique plus récente mentionne un « point culminant du Sénégal » à 648 mètres. Par ailleurs, la partie sud-est du pays est influencée par les contreforts du massif du Fouta-Djalon, dont les élévations peuvent atteindre 581 mètres sur le territoire sénégalais. Le massif principal du Fouta-Djalon, principalement situé en Guinée, culmine à 1538 mètres au Mont Loura. La divergence entre ces chiffres met en lumière la complexité de la détermination des points culminants dans les régions frontalières ou les zones de transition topographique, et souligne l’importance d’une évaluation critique des sources de données géographiques.
Le paysage est dominé par de vastes bas plateaux, dont l’altitude est généralement inférieure à 130 mètres. Dans le centre-est, ces plateaux peuvent légèrement dépasser les 100 mètres, mais ils s’abaissent progressivement vers l’ouest, atteignant environ 20 mètres dans des zones comme le Ferlo occidental, le Sine-Saloum et la Basse-Casamance. À l’ouest, le plateau de Thiès s’élève jusqu’à 130 mètres et est délimité par une cuesta distinctive appelée la « falaise de Thiès ». La région du Ferlo est caractérisée par de vastes plateaux entaillés par d’anciennes vallées fluviales, souvent qualifiées de « vallées mortes ». La distinction entre plaines et plateaux réside principalement dans le comportement des rivières : elles coulent à fleur de sol dans les plaines, tandis qu’elles sont encaissées dans les plateaux.
La topographie plane et de faible altitude du Sénégal est la conséquence directe de sa structure géologique sous-jacente. Le pays repose sur un vaste bassin sédimentaire, le bassin sénégalo-mauritanien, qui est une marge continentale passive. Ce bassin a accumulé une épaisse série de dépôts sédimentaires, principalement d’origine marine, datant du Trias-Lias jusqu’au Miocène. Ces dépôts s’épaississent progressivement vers l’ouest, atteignant des profondeurs de plus de 6 000 à 7 000 mètres à Dakar et dépassant 8 000 mètres en Casamance. Cette structure géologique explique fondamentalement l’absence de reliefs montagneux significatifs. De plus, ce contexte sédimentaire est directement lié à la présence de ressources naturelles précieuses, telles que les phosphates, les calcaires industriels et le potentiel en hydrocarbures , qui se forment typiquement dans de telles formations. La présence d’une « forte structuration et d’une importante compartimentation » des dépôts (comme le horst de Diass) , malgré la planéité de la surface, indique une géologie souterraine complexe qui influence la distribution et l’accessibilité de ces ressources.
Une caractéristique géologique et pédologique omniprésente au Sénégal est la présence de cuirasses latéritiques ou ferrugineuses. Ces couches dures et riches en fer recouvrent de vastes étendues, notamment dans les régions centrales et orientales, où elles masquent souvent les séries sédimentaires sous-jacentes. Ces formations contribuent à la formation de paysages distinctifs appelés « bowal », particulièrement visibles au Sénégal oriental. La présence généralisée de ces cuirasses a des implications directes et substantielles pour l’utilisation des terres et l’agriculture. Les sols développés sur ces formations sont souvent caillouteux, peu évolués et de faible fertilité , ce qui constitue un défi majeur pour la productivité agricole et contribue à la dégradation des sols. Ce facteur géographique a un impact direct sur les moyens de subsistance d’une grande partie de la population rurale dépendante de l’agriculture.
Enfin, des manifestations volcaniques, datant du Miocène, sont dispersées dans la presqu’île du Cap-Vert et la région de Thiès, sous forme de laves et de tufs. Un volcanisme plus récent, datant du Quaternaire, est confiné à l’extrémité de la presqu’île du Cap-Vert.
III. Hydrographie
Le réseau hydrographique du Sénégal est un élément vital qui façonne son paysage et soutient ses populations. Il est dominé par trois fleuves majeurs, complétés par des lacs importants et une façade maritime aux caractéristiques variées.
Les Grands Systèmes Fluviaux
- Le Fleuve Sénégal: Deuxième cours d’eau le plus important d’Afrique de l’Ouest après le Niger , le fleuve Sénégal est une artère vitale pour les régions du nord. Sa longueur varie entre 1700 km et 1800 km. Il prend sa source dans le massif du Fouta-Djalon en Guinée, à une altitude de 750 mètres. Son vaste bassin versant, d’une superficie comprise entre 290 000 km² et 300 000 km² , est partagé entre le Mali, la Mauritanie, la Guinée et le Sénégal. Le fleuve constitue une partie significative de la frontière nord et nord-est du Sénégal avec la Mauritanie. En aval de Kaédi, le fleuve se divise en deux bras, formant l’unique « Île à Morfil » avant de se rejoindre près de Podor. Son delta, qui commence à partir de Dagana, est un réseau complexe de bras multiples convergeant vers une seule embouchure située en aval de Saint-Louis. La construction du barrage de Diama est cruciale pour empêcher l’intrusion d’eau salée jusqu’à près de 200 km en amont , préservant ainsi les ressources en eau douce essentielles pour l’agriculture irriguée et l’approvisionnement en eau potable de Dakar. Ce fleuve, avec ses affluents, est intrinsèquement lié à l’identité régionale et au développement économique, notamment par l’agriculture irriguée qui y est pratiquée.
- Le Fleuve Gambie: Ce fleuve s’étend sur une longueur de 750 km à 1130 km , dont 500 km sont navigables. Il prend également sa source dans le massif du Fouta-Djalon en Guinée. Bien qu’il traverse des parties du Sénégal, la majeure partie de son cours se trouve en Gambie.
- Le Fleuve Casamance: Long de plus de 300 km , le fleuve Casamance est souvent décrit comme la « source de vie » de la région méridionale à laquelle il donne son nom. Ses nombreux affluents irriguent l’ensemble de la moitié sud du Sénégal jusqu’à l’océan Atlantique.
- Le Fleuve Saloum: Ce fleuve, d’une longueur de 250 km, traverse la région du Sine-Saloum, passant notamment par la ville de Kaolack. Le Sine et le Saloum sont souvent qualifiés de « véritables bras de mer » , soulignant leur nature estuarienne et l’influence significative des dynamiques de marée.
Les principaux systèmes fluviaux du Sénégal ne sont pas de simples caractéristiques géographiques ; ils sont des « sources de vie » qui définissent des identités régionales distinctes et des activités économiques spécifiques. Par exemple, la vallée du fleuve Sénégal est un pôle d’agriculture irriguée , tandis que la Casamance est caractérisée par une écologie unique liée à son fleuve. L’intervention stratégique de barrages comme celui de Diama pour empêcher l’intrusion d’eau salée met en évidence la gestion humaine proactive de ces ressources en eau douce, qui a un impact direct sur l’approvisionnement en eau des villes comme Dakar et sur la viabilité de l’agriculture.
Lacs Importants
Le Sénégal compte plusieurs lacs, dont trois principaux :
- Le Lac Rose (Retba): Ce lac d’eau salée, célèbre pour sa couleur rosée distinctive due à des algues, est situé à environ 35 km de Dakar et constitue l’une des attractions touristiques les plus visitées du pays.
- Le Lac de Guiers: Ce grand lac d’eau douce, d’une superficie de 320 km², est situé à une centaine de kilomètres à l’est de Saint-Louis. Il est d’une importance capitale car il alimente la capitale Dakar en eau douce.
- Le Lac Tanma: Un autre lac principal identifié dans le réseau hydrographique sénégalais.
Caractéristiques du Littoral
La façade atlantique du Sénégal, s’étendant sur 500 à 700 km, offre une diversité remarquable de paysages côtiers. Elle est généralement basse et sableuse. Le littoral est divisé en plusieurs zones distinctes, dont la « Grande Côte » (caractérisée par de vastes plages et dunes), la presqu’île du Cap-Vert (une formation terrestre proéminente abritant Dakar), et la « Petite-Côte » (une zone balnéaire tranquille s’étendant au sud-est de Dakar, entre Rufisque et Joal Fadiouth).
Le delta du Saloum est une zone d’une importance écologique capitale, classée site Ramsar en 1984, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011 et reconnue comme réserve de biosphère en 1980. C’est un vaste territoire où des centaines d’îles et d’îlots sont recouverts de savanes, de mangroves et de palétuviers, constituant l’un des écosystèmes les plus riches d’Afrique. De vastes écosystèmes de mangroves prospèrent dans ces deltas et estuaires, notamment dans le Sine-Saloum et la Casamance.
Le plateau continental étroit du Sénégal joue un rôle crucial dans la productivité marine. Les phénomènes d’upwelling, particulièrement intenses de février à avril , contribuent à la richesse des fonds marins et à l’abondance des ressources halieutiques. Cette diversité côtière, avec ses plages, sa presqu’île et ses deltas riches en mangroves, représente un potentiel économique et écologique multifacette pour le Sénégal. Les désignations UNESCO pour des sites comme le delta du Sine-Saloum soulignent leur valeur écologique mondiale et leur potentiel pour l’écotourisme.
Un enjeu environnemental persistant concerne la salinisation des ressources en eau douce dans les zones côtières et deltaïques de faible altitude. L’historique de la « langue salée » (intrusion d’eau de mer) dans le fleuve Sénégal et la nécessité de construire le barrage de Diama pour y remédier témoignent de ce défi. Ce phénomène, exacerbé par l’influence des marées et potentiellement par l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique , menace directement les terres agricoles et les approvisionnements en eau potable, rendant indispensables des stratégies de gestion de l’eau adaptatives et continues.
IV. Climat et Zones Climatiques
Le Sénégal est caractérisé par un climat tropical, marqué par une alternance distincte entre une saison sèche et une saison des pluies. Ce climat est influencé par la proximité du Sahara, l’océan Atlantique et la migration saisonnière de la zone de convergence intertropicale.
Variations Saisonnières et Régimes de Précipitations
Le climat sénégalais se divise en deux saisons principales :
- La saison sèche: S’étendant généralement de novembre à mai ou juin , cette période est caractérisée par des températures plus douces, avoisinant les 26°C à Dakar , et des pluies rares. Les alizés continentaux dominent durant cette saison.
- La saison des pluies (hivernage): De juin à octobre , cette saison apporte chaleur et humidité. Les températures peuvent grimper jusqu’à 30°C à Dakar. Les précipitations sont abondantes, avec un pic en août et septembre. Les pluies sont plus intenses et durent plus longtemps dans le sud du pays. C’est la période des moussons, qui peuvent parfois être d’une rare violence.
Les précipitations diminuent de manière significative du sud vers le nord. Par exemple, Ziguinchor, dans le sud, enregistre environ 1550 mm de pluie par an, tandis que Podor, dans le nord, ne reçoit que 330 mm. Dans le nord, les pluies se concentrent sur seulement trois mois, de juillet à septembre. L’irrégularité des pluies est une caractéristique importante du climat sénégalais, et le pays a été durement touché par des périodes de sécheresse, notamment dans les années 1970.
La variabilité de la mousson, bien qu’apportant des pluies essentielles pour l’agriculture, est un facteur de vulnérabilité. Les experts notent que le régime de pluies sahélien est naturellement sujet à une grande variabilité, et des événements extrêmes, comme les pluies diluviennes, peuvent se produire. Cette imprévisibilité et l’intensité croissante des précipitations ont un impact direct sur l’agriculture pluviale, contribuant à l’insécurité alimentaire et à la pauvreté rurale, rendant les stratégies d’adaptation climatiques d’autant plus cruciales.
Températures Moyennes et Variations Spatiales
Les températures varient considérablement entre le littoral et l’intérieur du pays. Sur le littoral, l’influence de l’océan Atlantique et du courant froid des Canaries modère les températures, qui oscillent entre 16°C et 30°C. À Dakar, la température moyenne est de 23°C en janvier et 28°C en juillet. En revanche, les régions centrales et orientales du Sénégal connaissent des températures beaucoup plus élevées, pouvant atteindre 40°C voire 46°C , avec des amplitudes thermiques journalières et annuelles plus importantes. Cette différence thermique géographique influence la répartition de la population et le potentiel agricole, avec une concentration des activités le long de la côte plus fraîche.
Zones Climatiques
Le Sénégal est divisé en cinq grands domaines climatiques, chacun avec une végétation caractéristique :
- Zone Sahélienne: Située au nord, notamment dans la région de Saint-Louis, cette zone présente un climat aride avec des précipitations très faibles (moins de 300 mm annuels) et des températures élevées (18°C à 45°C). Elle est fortement influencée par l’harmattan, un vent sec et poussiéreux du Sahara. La végétation est typique du Sahel, dominée par une steppe arborée ou arbustive, avec l’acacia du Sénégal et quelques baobabs.
- Zone Sahélo-Soudanienne: S’étendant sur les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Louga et Matam, cette zone voit la steppe progressivement remplacée par une savane arborée et sèche, où le baobab, l’acacia et le fromager sont les arbres dominants.
- Zone Soudanienne: Vers les régions de Fatick, Kaolack, et le nord et centre de la région de Tambacounda, la végétation de type savane est plus dense, avec une présence accrue d’arbres et l’apparition de forêts clairsemées. On y trouve des baobabs, des acacias, des fromagers et des palmiers.
- Zone Soudano-Guinéenne: Au nord des régions de Ziguinchor et Kolda, et au sud de la région de Tambacounda, les forêts sont très présentes, ainsi que de grandes savanes très denses. La variété d’arbres inclut les baobabs, les fromagers, les palmiers, les filaos et les rôniers.
- Zone Guinéenne: Cette zone, à cheval sur le sud des régions de Ziguinchor et Kolda, est la plus humide du pays. Elle est caractérisée par des forêts denses où toutes les espèces d’arbres du Sénégal sont présentes, offrant une végétation luxuriante.
Ce gradient climatique nord-sud, allant du Sahel aride au sud guinéen humide, est un facteur déterminant qui façonne la distribution des zones écologiques distinctes et les pratiques agricoles associées. Il dicte la disponibilité en eau et les types de végétation, influençant directement la répartition des populations et les spécialisations économiques régionales.
V. Écosystèmes et Biodiversité
Le Sénégal présente une remarquable diversité d’écosystèmes et une riche biodiversité, directement influencées par ses variations climatiques et sa géographie. Le pays offre une mosaïque de paysages, allant des steppes aux savanes, en passant par les forêts et les mangroves.
Principales Zones Écologiques et Biomes
La répartition des écosystèmes suit étroitement le gradient climatique nord-sud :
- Zone Sahélienne: Au nord, cette zone est caractérisée par une steppe avec des épineux, des acacias et des baobabs. Elle est particulièrement vulnérable à la désertification.
- Zone Sahélo-Soudanienne: Dans les régions centrales (Dakar, Thiès, Diourbel, Louga, Matam), la steppe fait place à une savane arborée et sèche, où le baobab, l’acacia et le fromager sont prédominants.
- Zone Soudanienne: Vers le centre-sud (Fatick, Kaolack, nord et centre de Tambacounda), la savane devient plus dense, avec une présence accrue d’arbres et des forêts clairsemées. On y trouve des baobabs, des acacias, des fromagers et des palmiers.
- Zone Soudano-Guinéenne: Au sud (nord de Ziguinchor et Kolda, sud de Tambacounda), les forêts sont très présentes, aux côtés de savanes très denses. La diversité des arbres s’enrichit avec des filaos et des rôniers en plus des espèces précédentes.
- Zone Guinéenne: Dans l’extrême sud (sud de Ziguinchor et Kolda), c’est la zone la plus humide, caractérisée par des forêts denses où toutes les espèces d’arbres du Sénégal peuvent être trouvées. La Casamance, en particulier, est décrite comme une « Afrique verdoyante » avec des vergers, des forêts profondes et des cocotiers le long des plages.
- Mangroves: Ces écosystèmes marécageux impénétrables se développent dans les parties aval des estuaires et des deltas, notamment dans le Sine-Saloum et la Casamance. Elles sont des forêts de palétuviers qui se développent dans les zones de fluctuation des marées et abritent une biodiversité marine et aviaire très riche.
Le gradient climatique nord-sud est la force motrice derrière la distribution de ces biomes majeurs, chacun abritant une flore et une faune caractéristiques. Cette corrélation illustre un principe écologique fondamental où les conditions climatiques dictent la composition et la structure des écosystèmes, influençant ainsi la biodiversité locale.
Caractéristiques de la Flore et de la Faune
La flore sénégalaise est disparate, avec une transition des épineux et acacias dans le nord vers des baobabs et des forêts luxuriantes au sud. Des espèces spécifiques comme
Phragmites vulgaris, Scirpus littoralis, et Scirpus robustus sont typiques des zones humides , tandis que
Salsola baryosma et Suaeda fructicosa se trouvent sur les sols halomorphes. Le Sénégal compte environ 33 espèces végétales endémiques. En 2020, la forêt naturelle couvrait 4,03 millions d’hectares, soit 20% de la superficie totale du pays.
La faune du Sénégal est également très riche, avec environ 7 830 espèces recensées, dont 4 330 espèces animales, 3 500 espèces végétales et 250 espèces de champignons. Le pays abrite 169 espèces de mammifères et 540 espèces d’oiseaux. On y trouve des éléphants, hippopotames, antilopes, lions et hyènes dans la zone soudanienne , des gazelles et chacals dans la steppe , et une multitude de mammifères, d’oiseaux et de faune marine dans le delta du Saloum. Les pélicans sont emblématiques du Parc National des Oiseaux du Djoudj. Cependant, 172 espèces sont menacées, dont 13 endémiques , incluant des espèces emblématiques comme le Chimpanzé, le Colobe bai et le Lycaon.
Aires Protégées
Les parcs et réserves naturels couvrent 8% du territoire national et jouent un rôle crucial dans la conservation de la biodiversité et le développement du tourisme. Le Sénégal compte six parcs nationaux majeurs :
- Parc National du Niokolo-Koba: Situé dans l’est, il représente le dernier boisement naturel du pays et un refuge essentiel pour la grande faune.
- Parc National des Oiseaux du Djoudj: Au nord, c’est l’un des trois sanctuaires d’Afrique de l’Ouest pour les oiseaux migrateurs paléarctiques et éthiopiens, abritant des espèces endémiques comme les pélicans.
- Parc National de la Langue de Barbarie: Situé dans la région de Saint-Louis.
- Parc National des Îles de la Madeleine: Au large de Dakar.
- Parc National du Delta du Saloum: Au sud, classé Ramsar et UNESCO, il est une zone de frayères et d’alimentation pour l’ichtyofaune, les lamantins, les dauphins et les tortues marines, ainsi qu’un site de nidification pour de nombreuses espèces d’oiseaux.
- Parc National de la Basse-Casamance: Bien que fermé actuellement en raison de troubles régionaux, il abrite des vestiges de la forêt guinéenne et de grands mammifères.
En plus de ces parcs nationaux, le Sénégal compte une trentaine de réserves naturelles de plus petite taille, telles que le parc forestier et zoologique de Hann à Dakar, la réserve de Guembeul, la réserve de Bandia, la réserve naturelle de Popenguine et l’aire marine protégée de Bamboung. La reconnaissance internationale de sites comme le delta du Sine-Saloum par l’UNESCO et Ramsar souligne leur importance capitale pour la conservation de la biodiversité à l’échelle régionale et mondiale, et met en avant leur potentiel pour l’écotourisme.
La richesse de la biodiversité sénégalaise est cependant soumise à des pressions importantes. Des activités humaines telles que la déforestation, le surpâturage, la pollution et la surpêche menacent directement les écosystèmes et la faune. Ces pressions entraînent la perte d’habitats, le déclin des espèces et l’accélération de la désertification. Ce constat met en évidence l’urgence de mettre en œuvre des stratégies de gestion durable et de conservation efficaces pour préserver ce patrimoine naturel.
VI. Ressources Naturelles
Le Sénégal est doté de diverses ressources naturelles qui constituent les piliers de son économie, bien qu’il soit parfois considéré comme faiblement doté. Ces ressources comprennent des richesses agricoles, halieutiques et minières.
Ressources Agricoles
L’agriculture demeure un secteur fondamental de l’économie sénégalaise, contribuant à 17,4% du PIB et employant 22% de la population active en 2023. Les principales cultures se divisent en cultures de rente et cultures vivrières.
- Cultures de rente: L’arachide a historiquement été la principale culture de rente et le moteur de l’économie sénégalaise, assurant jusqu’à 80% des exportations à l’indépendance. Sa production est concentrée dans le « Bassin arachidier » (régions de Kaolack, Kaffrine, Fatick, Diourbel, Thiès, Louga). Bien que la production ait connu une crise et une baisse significative par le passé, elle a été relancée, même si elle reste loin des niveaux records antérieurs. D’autres cultures de rente incluent le coton, la canne à sucre, et plus récemment, des productions à fort potentiel d’exportation comme les noix de cajou, les haricots verts, les mangues et les pastèques.
- Cultures vivrières: Elles se concentrent principalement sur les céréales (mil, sorgho, maïs, riz, sésame), le niébé et divers légumes (oignons, pommes de terre, patates douces, choux, tomates).
Des investissements importants ont été réalisés dans l’agriculture irriguée, notamment pour le riz et la canne à sucre dans la vallée du fleuve Sénégal. L’élevage, principalement extensif et transhumant, complète la production agricole.
Ressources Halieutiques (Pêche)
Le secteur de la pêche est un enjeu économique majeur pour le Sénégal, constituant la principale source de devises et employant environ 600 000 personnes, soit 17% de la population active. Le potentiel halieutique du pays est élevé, en grande partie grâce aux phénomènes d’upwelling sur le plateau continental étroit, qui favorisent l’abondance des espèces marines. La diversité des espèces pêchées est remarquable, incluant une grande variété de poissons (sardines, thons, vivaneaux, barracudas), des requins, des raies, des langoustes, des crevettes, des crabes et des céphalopodes (calmars, seiches, poulpes). Les mises à terre ont atteint 564 000 tonnes en 2024. La pêche artisanale représente entre 60% et 65% de l’activité du sous-secteur.
L’importance de la façade maritime étendue et des caractéristiques du plateau continental, telles que l’upwelling, est directement corrélée à l’abondance et à la diversité des ressources halieutiques. Cette dotation naturelle fait de la pêche un pilier économique essentiel. Cependant, elle met également en évidence la vulnérabilité de ce secteur à la surexploitation et aux impacts du changement climatique sur les écosystèmes marins.
Ressources Minières
Le sous-sol sénégalais recèle une grande variété de richesses minérales, dont le potentiel est largement sous-exploité à l’exception des phosphates, de l’or, du zircon et des calcaires industriels.
- Phosphates: Le Sénégal est traditionnellement connu pour l’exploitation du phosphate depuis les années 1940.
- Métaux précieux et de base: Le pays dispose de gisements d’or et de platinoïdes, ainsi que de métaux de base tels que le fer, le cuivre, le chrome et le nickel. Les gisements de fer sont localisés dans quatre zones distinctes, avec des réserves prouvées estimées à plus de 750 millions de tonnes. Le projet de Falémé, dans le sud-est, vise une production annuelle de 15 à 25 millions de tonnes de minerai de fer.
- Minéraux industriels et lourds: On trouve également des argiles céramiques et industrielles (attapulgite), des pierres ornementales (marbre, granite), des sables lourds (ilménite, zircon, rutile) et des sables extra-siliceux (sable de verrerie). Le zircon et le titane sont également présents dans le bassin sédimentaire.
- Hydrocarbures: Le bassin sédimentaire sénégalais recèle aussi des ressources potentielles en gaz naturel.
La présence de ces ressources minières est directement liée à la structure géologique du Sénégal, notamment son vaste bassin sédimentaire. Bien que le potentiel minier soit encore largement inexploité pour de nombreuses substances , il représente une opportunité significative pour le développement économique futur du pays, à condition d’attirer les investissements nécessaires et d’assurer une gestion durable de l’extraction.
La dépendance de l’économie sénégalaise vis-à-vis de ses ressources naturelles, qu’elles soient agricoles, halieutiques ou minières, la rend vulnérable aux chocs climatiques, à l’épuisement des ressources et aux fluctuations des marchés mondiaux. Cette situation souligne l’impératif d’une diversification économique et de l’adoption de pratiques de gestion durable pour assurer la résilience et la croissance à long terme.
VII. Défis Environnementaux Géographiques
Le Sénégal est confronté à une série de défis environnementaux géographiques majeurs, qui menacent ses écosystèmes, ses ressources naturelles et les moyens de subsistance de sa population. Ces défis sont souvent interconnectés, créant des boucles de rétroaction complexes qui amplifient leur impact.
Désertification
La désertification est un problème environnemental pressant, particulièrement aigu dans la zone sahélienne du nord du pays, notamment autour de Saint-Louis. Ce phénomène est une cause majeure de la faible productivité agricole, affectant directement la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et les opportunités d’emploi, et contribuant à la migration forcée des populations rurales. La dégradation des terres et la désertification menacent de rendre certaines zones définitivement inhabitables et incultivables pour les populations locales. Des initiatives de restauration des terres dégradées sont en cours, comme dans la région de Tambacounda, où des projets visent à planter des centaines de milliers d’arbres et à créer des « demi-lunes » pour retenir l’eau de pluie.
Érosion Côtière
Le Sénégal est l’un des pays les plus vulnérables à l’érosion côtière, se classant au troisième rang en Afrique (derrière l’Égypte et le Nigeria) et parmi les 25 pays les plus vulnérables au monde. Cette vulnérabilité est due à plusieurs facteurs géographiques : ses côtes sont majoritairement basses et sableuses, la présence de nombreux estuaires augmente la sensibilité du littoral, et une forte densité de population le long des côtes exacerbe les problèmes. L’érosion côtière a des conséquences dévastatrices, entraînant la destruction d’habitations et de villages entiers, comme cela a été observé à Doune Baba Dièye, Djiffer, Rufisque, Mbao et Bargny. L’élévation du niveau de la mer, directement liée au réchauffement climatique, est un facteur à long terme qui aggrave ce phénomène. Pour certaines zones à très haut risque, comme Guet Ndar à Saint-Louis, le déplacement des populations pourrait devenir la seule solution viable.
Déforestation et Dégradation des Sols
Bien que le Sénégal possédait 4,03 millions d’hectares de forêt naturelle en 2020, couvrant 20% de sa superficie , le pays a connu une perte forestière significative. En 2007, le Sénégal perdait 350 000 hectares de forêt par an, principalement en raison des cultures sur brûlis et de la croissance démographique rapide. Cette déforestation contribue directement à la dégradation des sols, avec environ 13% des terres considérées comme dégradées, affectant 22% de la population. Entre 2000 et 2020, le pays a enregistré une perte nette de couverture arborée de 31,1 kha (-0,76%). L’exploitation forestière illégale en Casamance a été une préoccupation majeure, menaçant la disparition du couvert forestier de la région. Les termites contribuent également à la dévastation des cultures.
Dégradation des Mangroves
Les forêts de mangroves guinéennes, écosystèmes vitaux, ont subi une perte considérable. Entre 1980 et 2005, le Sénégal a perdu 31,9% de ses mangroves, passant de 169 000 à 115 000 hectares, en raison du changement climatique et de la déforestation. Cette dégradation a des conséquences écologiques et socio-économiques graves, notamment la perte d’habitats pour les poissons et la privation de revenus pour les femmes qui dépendent de la collecte d’huîtres et de fruits de mer.
Surpêche
La surpêche constitue une menace sérieuse pour les ressources halieutiques du Sénégal. Elle est exacerbée par la pollution marine et la pêche industrielle. La pêche illégale est estimée à près de 50% des captures totales. La réduction des taxes douanières a stimulé les exportations, souvent au détriment de la durabilité des écosystèmes marins.
Dégradation des Ressources en Eau et Gestion des Déchets
La dégradation des ressources en eau est un problème croissant, marquée par la salinisation due à l’intrusion marine et la pollution chimique (pesticides, engrais) et microbiologique (germes pathogènes) provenant des eaux de ruissellement. Les systèmes d’évacuation des eaux usées sont déficients dans de nombreuses villes, et les rejets bruts de déchets contribuent à la pollution des milieux récepteurs. En matière de gestion des déchets urbains, le Sénégal manque de décharges contrôlées ; à Dakar, seulement 75% des déchets sont collectés et entassés sans traitement à la décharge de Mbeubeuss. Des efforts ont été entrepris par le gouvernement, comme les « Cleaning Days » mensuels à Dakar et l’interdiction des importations de déchets plastiques depuis 2020.
Ces défis environnementaux ne sont pas isolés mais forment un réseau complexe d’interdépendances. La déforestation, par exemple, aggrave la dégradation des sols et la désertification, tandis que le changement climatique, avec l’élévation du niveau de la mer et l’altération des régimes de précipitations, intensifie l’érosion côtière et affecte les ressources en eau et la productivité agricole. Cette situation crée un cercle vicieux qui amplifie les vulnérabilités du pays.
La vulnérabilité du Sénégal est intrinsèquement liée à ses caractéristiques géographiques (côtes basses, zones arides, dépendance à l’agriculture pluviale). Cependant, les activités humaines, telles que l’urbanisation non contrôlée, l’exploitation non durable des ressources et la gestion inadéquate des déchets, amplifient considérablement ces vulnérabilités. Ces facteurs anthropiques transforment des aléas naturels en crises environnementales majeures.
De plus, la dégradation de l’environnement a des répercussions socio-économiques directes et profondes, en particulier pour les populations les plus vulnérables. La destruction des mangroves, par exemple, prive les femmes de leurs principales sources de revenus. L’érosion côtière entraîne le déplacement de communautés entières, et la réduction de la productivité agricole augmente l’insécurité alimentaire et la pauvreté rurale. Ces conséquences mettent en lumière le coût humain des problèmes environnementaux et la nécessité d’adopter des solutions intégrées et centrées sur la communauté.
VIII. Influence de la Géographie sur le Développement Humain et Économique
La géographie du Sénégal exerce une influence profonde et multiforme sur la répartition de sa population, la structuration de ses activités économiques et l’émergence de disparités régionales en matière de développement.
Répartition de la Population et Urbanisation
La population du Sénégal, estimée à 18,03 millions d’habitants en 2024 , est fortement concentrée dans la partie occidentale du pays. La région de Dakar, qui ne représente que 0,3% du territoire national, abrite près d’un quart de la population totale. La zone métropolitaine de Dakar comptait 4,0 millions d’habitants en 2023. Cette concentration démographique s’explique historiquement par les avantages géographiques de la presqu’île du Cap-Vert, qui a facilité les échanges et le développement des infrastructures.
D’autres agglomérations urbaines importantes se sont développées, souvent en lien avec des facteurs géographiques ou historiques :
- Pikine: Située près de Dakar, c’est l’une des plus grandes villes du Sénégal, caractérisée par une forte densité et une croissance rapide due à l’exode rural.
- Touba: Deuxième ville du pays, c’est un centre religieux majeur dont l’essor économique est lié aux pèlerinages annuels.
- Thiès: Ancien nœud ferroviaire et routier, sa position stratégique à 70 km à l’est de Dakar en fait une zone d’attraction économique croissante.
- Kaolack: Capitale régionale et carrefour routier essentiel, son potentiel agricole en fait un pôle économique important.
- Saint-Louis: Ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, située à l’embouchure du fleuve Sénégal, elle conserve une fonction administrative et un attrait touristique.
- Ziguinchor: Chef-lieu de la Casamance, située sur le fleuve Casamance, elle est un centre vital pour le sud du pays.
L’histoire des communes sénégalaises reflète également cette influence géographique, avec la création précoce de Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar, suivie par l’émergence de villes comme Thiès, Kaolack et Ziguinchor en raison de leur essor démographique et économique.
La géographie physique, en particulier la présence du littoral, le climat et l’accès aux fleuves, a historiquement concentré la population et les activités économiques dans l’ouest du pays. Cette dynamique a conduit à des disparités régionales significatives en termes de densité de population et de niveaux de développement. L’aridité du nord et la séparation physique de la Casamance par la Gambie contribuent à des densités de population plus faibles et à des défis distincts dans ces régions.
Impact sur les Activités Économiques
La géographie a un impact direct sur la structure économique du Sénégal :
- Agriculture: La production agricole est fortement tributaire des conditions climatiques, notamment de la pluviométrie, et est affectée par la faible fertilité des sols dans certaines zones (notamment celles à cuirasses latéritiques). Cependant, les périmètres irrigués dans la vallée du fleuve Sénégal permettent la culture du riz, de la canne à sucre et de fruits et légumes. Le « Bassin arachidier » est un exemple de spécialisation agricole liée à des conditions géographiques favorables.
- Pêche: Le secteur de la pêche est directement lié à l’étendue de la façade maritime et à la richesse des ressources marines, rendues abondantes par des phénomènes océanographiques comme l’upwelling.
- Mines: La distribution des ressources minières (phosphates, fer, or, zircon) est intrinsèquement liée aux formations géologiques du sous-sol.
- Commerce et Transport: Le port de Dakar et le réseau ferroviaire historique (Dakar-Bamako, Dakar-Saint-Louis) sont des héritages de la position stratégique de Dakar comme capitale de l’A.O.F., facilitant le commerce et les liaisons avec l’arrière-pays et les pays voisins.
- Tourisme: Les zones côtières (Petite-Côte, Cap-Vert), les lacs (Lac Rose) et les sites naturels protégés (delta du Sine-Saloum, parcs nationaux) sont des attractions touristiques majeures, valorisant la diversité géographique du pays.
La diversité des dotations géographiques du Sénégal, telles que les vallées fluviales fertiles, les riches zones de pêche et les gisements miniers, a naturellement conduit à des spécialisations économiques régionales. Cela se manifeste par l’agriculture irriguée dans le nord, le bassin arachidier au centre, la pêche le long de la côte et l’exploitation minière dans l’est. Cette corrélation directe entre la géographie physique et la structure économique est un trait distinctif du développement sénégalais.
Disparités Régionales et Défis de Développement
Des disparités régionales significatives persistent au Sénégal. Les régions du sud et du sud-est (comme la Casamance, Tambacounda, Kédougou) affichent des taux d’accès aux infrastructures de base plus faibles et des pourcentages de pauvreté plus élevés. Cela met en évidence comment l’éloignement géographique ou la complexité du terrain peuvent entraver le développement. De même, les régions centrales du pays, avec un accès réduit aux écoles primaires, enregistrent des taux de scolarisation plus faibles.
La situation de la Casamance, enclavée par la Gambie , pose des défis uniques en matière d’intégration et de développement. Cette barrière géographique naturelle rend plus coûteux et complexes les efforts pour relier cette région au reste du pays, ce qui peut freiner son développement économique et social. Ces facteurs géographiques créent des obstacles inhérents à un développement équitable et à l’accès aux services essentiels. Cela souligne la nécessité d’investissements ciblés dans les infrastructures et les politiques de développement pour surmonter ces désavantages spatiaux et renforcer la cohésion nationale.
Modèles de Migration
La géographie influence également les modèles de migration. L’exode rural vers les centres urbains, en particulier vers Dakar et Pikine, est motivé par la recherche de meilleures opportunités économiques. Par ailleurs, l’émigration des populations de la vallée du fleuve Sénégal, avec les envois de fonds de la diaspora, est devenue un facteur important du développement local.
Conclusion
Le Sénégal se distingue par une géographie contrastée et dynamique, caractérisée par sa position stratégique en Afrique de l’Ouest, un relief majoritairement plat ponctué de quelques élévations dans le sud-est, un réseau hydrographique vital et une façade maritime étendue. Un gradient climatique prononcé, allant du Sahel aride au nord aux zones guinéennes humides au sud, façonne une mosaïque d’écosystèmes et une biodiversité riche.
L’analyse démontre une interaction profonde entre la géographie physique du Sénégal et son développement humain. La concentration historique de la population et des activités économiques dans la partie occidentale du pays est une conséquence directe de son positionnement côtier avantageux et de son rôle de carrefour commercial. Bien que le pays soit doté de ressources naturelles diverses (agricoles, halieutiques, minières), sa dépendance à l’égard de ces secteurs le rend particulièrement vulnérable aux dégradations environnementales et aux impacts du changement climatique.
Les vulnérabilités géographiques inhérentes au Sénégal, telles que la désertification des zones sahéliennes, l’érosion côtière des littoraux bas et sableux, et la salinisation des ressources en eau douce, sont exacerbées par les pressions anthropiques, notamment la déforestation, la surpêche et la gestion inadéquate des déchets. Ces facteurs créent un ensemble de défis environnementaux urgents qui ont des répercussions socio-économiques directes, affectant les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la stabilité des communautés.
De plus, des disparités régionales significatives en matière de développement et d’accès aux services sont souvent enracinées dans des facteurs géographiques, comme l’enclave de la Gambie qui isole la Casamance ou l’éloignement des régions du sud-est.
Pour l’avenir, le Sénégal doit s’engager résolument dans une gestion durable de ses ressources naturelles pour atténuer la dégradation environnementale et assurer une stabilité économique à long terme. Les stratégies d’adaptation et de renforcement de la résilience face au changement climatique sont cruciales, en particulier pour les zones côtières et arides. Il est également impératif de réaliser des investissements ciblés dans les infrastructures et les services sociaux afin de surmonter les obstacles géographiques et de promouvoir un développement plus équitable et inclusif à travers toutes les régions du pays. Enfin, la diversification de l’économie au-delà des secteurs primaires, tout en capitalisant sur les avantages géographiques (comme le tourisme et le rôle stratégique du port de Dakar), renforcera la résilience nationale face aux défis futurs.Sources used in the report